Du bonheur à l'état pur. J'en étais raide dingue amoureuse. Quand il est né, je voulais garder toute la portée, elle était merveilleuse… et puis la
raison. Bolt a toujours été un chien extrêmement gentil, jamais un mot plus haut que l'autre. Une énergie à revendre et une beauté hors du commun. Ce genre de chien qui vous laissait cloué sur place quand vous le regardiez. C'est le chien qui a eu le palmarès le plus spectaculaire, avec Roxane (championne de France au même âge). Quatre expositions et un titre de champion de France. Deuxième meilleur jeune, toutes races confondues, de la Nationale d'élevage et gagnant du titre du
championnat à 19 mois. Le juge de ce championnat a été impressionné par ce petit bout, ce môme, "enfin un Skye de taille correcte" à tel point
qu'à son retour en Angleterre, même mon associé Allan a reçu des coups de téléphone lui demandant si il l’avait vu et s'il avait des photos. Bolt, c'était une image. Je le posais en statique et il y restait, un plaisir. Il marchait comme une petite mécanique et semblait voler sur un ring avec grâce et élégance, un peu comme sa mère, Finland. Mon Bolt, c'était un bébé, avec un coeur gros comme ça, une peluche et un gros tendre. J'étais si fière de lui, il était agréable à vivre et à regarder. Un temps pour chaque chose. Il m'aimait d'un amour si inconditionnel, que je n'avais pas besoin de lui parler pour qu'il comprenne ce que j'attendais de lui. Nous avions ensemble une complicité. Il m'adorait, me suivait partout : la preuve flagrante que je le rendais heureux. Bolt c'était autre chose, ce petit truc qui vous fait battre le coeur à 100 à l'heure quand vous le regardez. Mon chien c'était tout ça ...
A trois ans, il a été très malade. Une seule option, le stériliser pour le sauver d'un cancer de la prostate. Je n'ai pas hésité. Il est resté à mes cotés comme mon Pygmalion, même si pour lui, il n'y aurait jamais de descendance. Pour moi, le plus important, c'était de le garder vivant avec moi le plus longtemps possible. Il a eu une vie éclair. une vie riche, une vie de complicité, pleine d'amour. Quand il est tombé malade ce jour du mois de septembre, j'ai cru que la terre s'ouvrait sous mes pieds. Je n'avais jamais réalisé qu'il ne serait pas éternel. Il a été hospitalisé encore et encore. Une pyroplasmose qui lui détruisait lentement les reins. Une perfusion et il regagnait assez d'énergie pour vivre normalement quelques jours. Le vétérinaire nous a préparés doucement à accepter d’arrêter les perfusions qui le prolongeait mais ne le sauveraient pas. Il a fallu nous résoudre à débrancher tout, à accepter l'inacceptable ... Il a fallu nous résoudre à arrêter les soins, il ne recouvrirait jamais la santé...Il ne pouvait plus vivre comme ça, bourré de médicaments, de perfusions même si entre ses hospitalisations, dopé par la dernière perfusion, cela nous permettait de vivre des moments intenses au gout d'éternité. Cela ne servait plus à rien. On ne pouvait pas le maintenir comme cela indéfiniment. Il est revenu à la maison pour son dernier voyage. le vétérinaire nous avait dit que cela durerait quatre jours maximum, il tomberait dans le coma et partirait doucement, sans souffrances. Je pensais que cela serait facile, que j'aurais le courage de le regarder partir doucement ... Il ne voulait plus manger, plus boire. Je le nourrissais à la main, dormais avec lui. Je le portais à bout de bras. Ce jour là, il attendait derrière la porte que je revienne du travail. Il m'a regardée longuement et m'a suppliée du regard. Il commençait à gémir et à souffrir. Il était à bout de force. Il allait tomber dans le coma ? mais quand ? Combien de temps durerait encore notre supplice ? Il fallait que je me résolve à accepter sa demande. Il voulait partir maintenant dans la dignité. Il n'en voulait plus de cette vie qui ne lui ressemblait pas...
Je l'ai pris dans mes bras, installé dans le jardin. Il ne tenait plus sur ses jambes. Notre voyage s’arrêtait donc là. Petit Bolt, sauras tu un jour le mal que tu m'as fait ? Je t'ai gardé jusqu'à ton dernier souffle dans cette salle froide de vétérinaire. Tu n'a rien vu, rien senti. Je t'ai serré fort contre moi et ai mis mon visage sur ta tête. Je voulais que tu ne vois que moi et rien d'autre. Je suis restée avec toi lové dans mes bras encore un long moment. Tu étais calme, tu ne souffrais plus, toi, mais moi je croyais que j'allais crever. Tu es revenu à la maison pour l'éternité. Nathalie a fait une jolie aquarelle de toi, tu es là dans le bureau et je pense à toi ... Où que tu sois, Gamin, saches que jamais, je ne t'oublierai. Merci pour cette belle histoire d'amour. Sois heureux mon fils ...