Lettre à mes maîtres



De par ma lignée, mon nom sur les papiers était « Baerchen von Akasha » - Bon un peu compliqué !
On m'a séparé de mes parents, de mes frères et sœurs – je suis parti en voiture avec, entre autres, papy Pierrot et je suis arrivé dans une belle maison avec – oh bonheur – un jardin pour moi tout seul.
Là, mes nouveaux maîtres, Helmut et Michèle m'ont donné comme patronyme « Georges » et je dois dire que sans être aristo – cela me convenait tout à fait.
Par la suite, j'ai eu bon nombre de diminutifs – tels chouchou, pipou, papounet, georgi.

Les mois passant, je me suis peu à peu habitué.
Mais j'étais un Cairn – un vrai - et il m'arrivait de temps à autres de n'en faire qu'à ma tête – le maître de maison savait parfois me rappeler qui était le « chef » - bon, il me fallait rentrer dans le rang pour ne pas le mettre en colère.
Ma maîtresse m'a parfois disputé car il m'arrivait de m'oublier à la maison mais tout bout de chien que j'étais et qui se respecte, elle avait raison.

Mes journées s'écoulaient dans l'oisiveté et l'opulence.
Le matin, une petite tasse de café au lait accompagnée de petites tartines beurrées me régalaient le palais – Je ne vous parle pas de mon déjeuner – dîner. Que de bonnes choses. Pour mes sorties régulières dans le chemin face à la maison , c'était tata Catherine qui m'accompagnait.
Mes jouets – j'en ai eu des paniers complets – je n'avais que l'embarras du choix. Au gré de mes envies – tantôt une balle – ou mes coincoins favoris. Mais je dois vous avouer que ce que je préfèrais par dessous tout – c'est courir après les mimis qui venaient me narguer sur mon territoire. Non mais!

Lors d'une petite sortie pipi dans le jardin, mon flair me dirigea vers la clôture du voisin et là, qu'est-ce que je vois, une petite jeunette toute blanche avec des prunelles noires – elle s'appelait Benji. Mon instinct ne m'a pas trompé – il me fallait faire plus ample connaissance – chose dite – chose faite. Ce fut le coup de foudre entre nous.
Le résultat – vous le connaissez – je me retrouvais à la tête d'une petite famille. Je n'étais pas encore sortie de mon adolescence que déjà j'étais papa.

Ma vie de pépère tranquille se poursuivait – entre câlins – promenades et voyages
– Ah les voyages – j'étais toujours de la partie.
Nous prenions la route souvent – des bagages plein la voiture et pourtant ma place était toujours réservée – on me prévoyait tout le confort. Pensez-vous l- a banquette arrière pour moi tout seul avec mon plumeau et mon plateau-repas.

Les kilomètres défilant, je n'attendais qu'une chose – l'arrivée chez tata Jacqueline qui, je le savais m'avait préparé mon repas. Après reconnaissance au jardin, léchouilles et retrouvailles, le ventre repu, je m'endormais heureux sur le tapis.
Les petites gâteries avec tata, c'était quelque chose – même que ma maîtresse rouspétait mais Quiquine et moi on ne se laissait rien conter. Tous les deux au lit - bien calés – nous dégustions des petites douceurs.

Le temps passant, et oui j'ai eu tout de même 18 printemps, je me suis senti devenir vieux et plus vulnérable.
Mes maîtres ont toujours pris des précautions avec moi et d'autant plus vu mon grand âge. Je ne pouvais pas toujours leur manifester mes petits problèmes bien qu'il aient été à mon écoute et très attentionnés.
Heureusement, les bons docteurs Cesbron et Boedec m'ont souvent sauvé la mise.

Et pourtant, en ce jeudi 29 novembre 2012, je suis parti au paradis des chiens et je voulais écrire cette lettre à mes maîtres pour leur dire combien je les ai aimés du haut de mes quatre pattes.
Ils m'ont choyé et gâté autant que l'on peut l'être. Même si personne n'est parfait, il me manquait la parole, la récompense à leurs efforts de vouloir me faire plaisir était mon regard ou un battement de queue.
Ils m'ont accompagné tout au long de ces années et je les remercie.

Puisque nous ne nous reverrons plus, gardez en souvenir le bonheur de m'avoir connu.

Votre Georges à jamais