Mon cher Ami,
Jaguar, quand tu es arrivé au refuge, tu allais avoir 10 ans. Ce n’était pas un abandon, tu venais de faire l’objet d’un retrait suite à enquête. Je n’en ai jamais su les raisons. Tu n’étais pas maigre et aucune trace de maltraitance sur toi.
Quand je t’ai vu pour la première fois dans ton box, en bas de l’allée à droite, j’ai tout simplement eu le coup de foudre pour toi. Cela ne s’explique pas. Ton look, pas celui d’un « racé », mais plutôt celui d’un « multi-mélange ». Tu n’étais pas craintif mais timide. A travers les barreaux, tu prenais les biscuits poliment mais sans précipitation.
Bénévole au refuge chaque samedi pour aider à sortir les chiens, j’ai souvent comploté pour que tu sois inscrit sur le tour du samedi.
Une bonne partie de l’hiver 2004-2005, tu l’as passé à l’infirmerie tellement tu toussais. Tu étais asthmatique. Je ne te voyais qu’à travers la vitre.
Je t’ai adopté un an après ton arrivée au refuge, c’était le 7mai 2005. Tu allais avoir 11 ans. Quelle idiote j’ai été de ne pas le faire plus tôt.
Tu t’es parfaitement adapté à la vie parisienne, à Salta ma york et aux 5 chattes. Tes qualités : câlin, gentil, calme, toujours content, attachant, bref un super compagnon. Ton seul défaut : tu n’étais pas sympa dans la rue avec tes congénères. Il valait mieux changer de trottoir quand un autre chien pointait son museau à l’horizon !!! cela t’énervait et te faisait tousser. Cela m’énervait aussi !!!!
Notre première sortie de la journée, c’était le matin à 6h45, seulement tous les 2 (Salta préférait rester sous la couette), toi avec ton harnais, moi en pyjama et en imper. Peu de monde sur les trottoirs et peu de voitures à cette heure, on appréciait cette intimité.
Que j’aurais aimé que tu profites davantage de la maison de campagne et de l’étang familial. Tu étais captivé par les oies et les canards sauvages. Tu aimais jouer avec le morceau de bois que je te lançais. Quand maman cuisinait, tu ne la quittais pas car tu avais vite compris qu’elle était tombée sous ton charme et qu’elle ne te refusait rien. Tu as eu aussi le temps de goûter à deux séjours en Bretagne.
Fin novembre 2005, j’ai su que tu avais un cancer inopérable. Il ne te restait même pas un mois à vivre d’après les vétérinaires.
J’ai redoublé de tendresse et de câlins. Je t’ai préparé des petits plats bien appétissants malgré mes piètres talents culinaires.
Tu as passé Noël avec nous, tu allais bien. (le plus cadeau de Noël de ma vie). Le 1er janvier 2006, tu étais là également et je t’ai embrassé très très fort.
Le jeudi 19 janvier dans la soirée, tu es tombé dans l’appartement. J’ai su que c’était le début de la fin. Cette nuit là, j’ai dormi par terre à côté de toi avec Salta.
Le lendemain, vendredi, je n’ai pas été travaillé. Je ne voulais pas te quitter. Tu as pu faire trois petites balades et tu as mangé sans vomir.
Samedi matin, tu n’as pas voulu sortir, ni manger. A partir de midi, tu as commencé doucement à t’éteindre. Je savais que tu me quittais. Je t’ai beaucoup parlé et j’ai essayé de te cacher mes larmes. A 22h20, tu t’es endormi définitivement, calmement et sans souffrir. J’étais à tes côtés. Que c’est dur la mort d’un être cher.
Tu n’avais que 11 ans ½ et seulement neuf mois de bonheur ensemble. J’aurais tant aimé passer d’autres saisons avec toi …..
Pas question de te laisser partir je ne sais où. Je t’ai fait incinéré. Tes cendres sont dans le salon et cela me réconforte. Tu es revenu dans ta maison. Mon vœu le plus cher, c’est qu’après ma mort, je puisse te retrouver, toi et tous les autres 4 pattes (canins et félins) qui ont croisé mon chemin.
Je voulais te rendre hommage MON JAGUAR, tu le mérites grandement.
JE T'AIME
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